mardi 18 juin 2013

Aujourd'hui, lancement d'une campagne sur les retraites des femmes



Osez le féminisme lance aujourd’hui sa nouvelle campagne de mobilisation sur les retraites des femmes.

>> Pourquoi cette campagne ?
Cette campagne a d’abord pour but de sensibiliser à nouveau l’opinion et le gouvernement aux difficultés rencontrées par les femmes retraitées et par celles qui le seront demain.  Plus encore, elle se veut une campagne de mobilisation de l’ensemble de nos concitoyen-ne-s. Elle s’adosse à des revendications précises destinées à lutter contre les inégalités femmes-hommes au moment de la retraite et contre la précarité des retraité-e-s. Pour en savoir plus, cliquez ici.

>> Signez et faites signer l’appel pour les retraites des femmes !
La campagne est construite autour d’un appel de féministes, syndicalistes, chercheuses et personnalités, paru dans Libération ce jour. Vous pouvez lire et signer cet appel sur le site de la campagne : www.retraites-femmes.fr

>> Relayez les autres outils de la campagne !
Dans la rubrique AGIR, découvrez également sur le site des visuels à partager sur internet, des témoignages de femmes ou encore des interviews. Nous avons également réalisé une infographie pédagogique, à relayer pour rendre visibles les inégalités entre femmes et hommes dans le système de retraites.


A Lille, nous organisons une réunion sur les retraites le vendredi 28 juin à 19h au Café citoyen (2ème étage). 

vendredi 14 juin 2013

Portrait associatif #1 / l'Echappée

Rencontre avec Anne Turlure, présidente de l’association

L’Échappée"

association spécialisée dans les violences sexuelles



Zoom sur le parcours professionnel d’Anne Turlure...

Éducatrice spécialisée de formation, Anne Turlure a toujours travaillé dans le secteur social. Au début des années 2000, elle déplore un manque d’accompagnement des femmes victimes de viols.

La rencontre d’Hélène Duriez au Collectif Féministe Contre le Viol à Paris va donner une nouvelle dimension à son engagement féministe avec la création de l’association “l'Échappée” en 2011.

Au delà de son engagement, Anne suit aussi un master en sciences de l’éducation dans le but d’occuper par la suite, un poste de cadre dans le travail social.


Présentez nous votre association...

Anne Turlure, dites-nous quand et comment est née “L’Échappée” ?
C’est en 2010 que naît le projet de monter une association spécialisée dans les violences sexuelles. Une petite équipe de femmes se réunit alors autour d’Hélène et moi-même. Je deviens présidente de l’association et Hélène coordinatrice. L’activité débute ensuite au printemps 2011.

Nous voulions alors regrouper des compétences complémentaires (juriste, travailleurs sociaux, psychologue, avocate spécialisée...) afin de répondre au mieux aux besoin des femmes victimes de viols.

Quels en sont les objectifs, quels sont vos champs d’action ?
Nos objectifs principaux sont de lutter contre le viol, donner la parole aux femmes et plus généralement, contribuer à l’égalité femmes-hommes.

Pour les atteindre, nous avons plusieurs champs d’actions :
- L’accueil et l’écoute des victimes de viols et d’agressions sexuelles (femmes, hommes, enfants) ;
- L’information aux droits des victimes et l’accompagnement dans les démarches à suivre ;
- Le tenue d’un groupe de parole encadré par une psychologue et une éducatrice ;
- Des formations sur les violences et violences sexuelles à destination des travailleurs médicaux sociaux ;
- Des ateliers d’auto-défense ;
- Des activités culturelles  et des ateliers audiovisuels ouverts à tous.

Sur quels types de violences votre association intervient-elle ?
L'Échappée traite tous les types de violences (violences conjugales, viols, sexisme, violences sexuées...) mais nous sommes plus particulièrement spécialisées sur les violences sexuelles.

Quelles sont les spécificités de votre association ?
Notre principale spécificité, et revendication, est de proposer un accueil anonyme et gratuit, ouvert à toutes et à tous.
De plus, nous travaillons au rythme de chacun-e, en prenant le temps nécessaire. Une des premières choses que nous faisons est de vérifier que la personne est à l’abri de tout danger. 

Ensuite, le travail consiste à faire prendre conscience aux personnes qu’elles sont des victimes à part entière. Pour cela, nous nous appuyons sur des outils qui permettent de repérer les stratégies utilisées par les agresseurs.



Les violences

Comment définissez-vous la violence ? Et plus particulièrement la violence sexuelle ?
La violence va de la violence symbolique à la violence physique. Dans un premier temps, il y a tout ce que l‘on intègre depuis l’enfance et qui a des conséquences sur le rôle de la femme et de l’homme dans la société. Entendre par exemple “un homme ça ne pleure pas” a un impact sur le fait qu’il existe toujours des professions masculines et féminines. La violence c’est aussi les “canons de beauté” imposés, qui font que les femmes sont prêtes à subir toute sorte de tortures, du port de talons vous détruisant le dos à la sous-alimentation.

Ensuite, il y a les violences sexistes vécues par les femmes, mais aussi par les hommes. Lorsqu’une femme s’écrie “Mais tu n’es pas un homme !”, elle renvoie elle-même les schémas sexistes et patriarcaux, avec une domination du masculin sur le féminin.

La violence sexuelle s’exprime aussi dans les viols de guerre. Dans ces situations, ce qui domine c’est le désir d’humilier l’ennemi en violant aussi bien les hommes que les femmes. Les hommes sont violés dans le but de les rabaisser au rang de femmes. Dans les prisons, le même jeu de pouvoir s’exerce avec le viol des plus faibles, considérés alors comme “des gonzesses”.
Quant à la violence sexuelle que l’on peut voir au sein de la violence conjugale, elle est le résultat de différentes formes de violence. Elle passe par le dénigrement de l’autre ou encore la mise en avant du désir de l’homme qui décide de l’heure et du lieu du rapport sexuel.  La violence conjugale est aussi très fréquemment psychologique. Il n’y a pas de coup mais les conséquences n’en sont pas moins importantes. La femme en vient à intégrer qu’elle est “bête, nulle, qu’elle ne sait rien faire, qu’elle n’est pas désirable...”.

Enfin, la violence c’est le viol. Dans le monde, 1 femme sur 5 est victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie. La majorité des cas de viols et d’abus sexuels ont lieu avant 18 ans. C’est aussi 1 enfant sur 10 qui est victime d’abus sexuel, et dans 80% des cas, ce sont des petites filles. La plupart du temps, l’agresseur est connu de la victime. Le stéréotype du viol la nuit dans un parking par un marginal n’est pas vrai du tout. Le viol a lieu essentiellement dans le cercle familial (viol conjugal, viol par inceste...) ou en institution (le professeur, l’éducateur...). Rappelons que la définition du viol est : “Tout acte de pénétration”. Dans l’absolu, une femme qui viole un homme sans le pénétrer ne le violerait pas, ce serait une atteinte sexuelle. Un viol n’est pas forcément vaginal, une fellation forcée, c’est un viol. Une pénétration digitale est considérée également comme un viol. Je le dis car c’est souvent minimisé. Enfin, le viol est un crime, au même titre qu’un meurtre et qu’un acte de torture.

Dans tous les cas, la violence sexuelle est avant tout une logique de domination. Ce n’est pas une pulsion sexuelle mais une pulsion de domination. Une pulsion sexuelle c’est une pulsion de vie, mais cette pulsion là, c’est une pulsion de destruction !

Quelles situations rencontrez-vous le plus souvent ?
Nous rencontrons surtout des femmes qui ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance et qui viennent nous voir à l’âge adulte. Les victimes sont à 99% des femmes. Nous accueillons également beaucoup de personnes victimes de viols et notamment de viols conjugaux.

Quelles sont les difficultés les plus fréquentes ?
Le principal obstacle est l’emprise psychologique de l’agresseur sur la victime. Une victime peut quitter des dizaines de fois son agresseur et revenir chez lui. A l’Echappée, nous ouvrons toujours la porte, même si la victime revient 50 fois. On sait que ça fait partie du cycle des violences, et nous n’avons pas à juger les personnes. Les sentiments sont présents, c’est donc très compliqué pour les victimes de mettre fin à la relation. Pour les aider, nous insistons sur le fait que l’on n’a pas le droit de leur faire subir ces violences.

Un autre obstacle est le déni de justice. La parole des femmes est remise en cause dans les commissariats et ça c’est insupportable, c’est très dur à vivre. Aux femmes qui souhaitent porter plainte, nous sommes obligés de leur dire qu’il y a de grandes chances que l’affaire soit classée. Et ce n’est pas facile à dire.

A l’Echappée, on croit toujours les victimes, on ne remet jamais leur parole en doute. Jamais. C’est une posture.



Dites nous quelles sont les démarches à suivre, vers qui on peut se tourner ?

Quel premier conseil donnez-vous à une femme victime de violence ?
Il faut en parler à un-e ami-e, à qui que ce soit. Il ne faut surtout pas rester seul avec ça. Ensuite, il faut prendre contact avec un professionnel (en particulier si la personne a été victime de viol, car les conséquences sont nombreuses).

Ensuite, il faut commencer par mettre ses papiers et son argent à l’abri. Avoir les numéros d’urgence sur soi, mettre les voisins dans la confidence si on peut, créer son réseau. Il faut penser l’urgence, en prenant en compte les enfants.

Vers qui une personne peut-elle se diriger, ne serait-ce que pour être entendue lorsqu’elle pense être victime de violence ?
Les numéros verts, SOS viol, L’Échappée, le CIDFF, l’association Louise Michelle... Mais aussi le commissariat où normalement il doit y avoir à chaque fois un référent “violences conjugales”. Si une victime veut porter plainte, elle peut demander à s’adresser directement à ce référent et prendre rendez-vous.

Que diriez vous à une personne victime de violence, qui aurait peur de mettre fin à une relation avec l’auteur des violences ?(Quel qu'en soit le motif: peur des représailles, problèmes liés au logement, aux enfants, conséquences économiques...)
Nous utilisons des outils pour montrer au victimes comment fonctionne le cycle des violences. On leur explique comment la violence s’installe dans tous les domaines de la vie. C’est un long travail de déconstruction. Nous voulons qu’elles reprennent confiance en elles. La violence conjugale fonctionne par cycle, il y a des phases apaisées, la lune de miel, la tension qui monte, puis l’explosion, les excuses, la culpabilité et ainsi de suite. L’amour est ré-alimenté par les phases de lune de miel, avec l’espoir que la violence va s’arrêter. Nous leur renvoyons qu’il ne faut pas espérer que ça changera. Il y a tout un travail de valorisation des compétences, sur ce que la personne victime sait faire et est capable de faire.

Quelles sont les démarches administratives qu’une personne doit effectuer si elle est victime de violences ?
Elle peut, si elle le souhaite, porter plainte. S’il y a urgence, on peut demander une ordonnance de protection en interpellant le responsable violences du commissariat. S’il n’y a pas d’urgence, si la personne est à l’abri, on gagne beaucoup en prenant le temps de préparer au mieux sa déposition. A l’Échappée nous conseillons avant tout de prendre un rendez vous avec un avocat.

Et quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une personne témoin ?
S’il s’agit de mineur il y a obligation de signalement, sinon on est complice. La non-assistance à personne en danger s’applique à tous, ne l’oublions pas.

Si l’on veut aider quelqu’un qui a été victime de violences sexuelles, la première chose à faire et de ne pas parler à sa place. C’est quelqu’un qu’on a dépossédé de tout, il faut donc la laisser s’exprimer, la respecter, la laisser faire ses choix. Elle a d’abord besoin de retrouver son propre pouvoir.  Il ne faut pas ajouter de la violence à la violence “Je vais aller lui casser la figure”, ne surtout pas culpabiliser la victime “Pourquoi tu lui as ouvert ? Pourquoi es-tu allée boire un verre avec lui/elle? “... Il faut surtout rappeler que l’agresseur n’avait pas le droit de faire ça. Il faut placer les responsabilités là ou elles sont, croire la victime, ne pas remettre en doute sa parole.

Puis en tant que témoin, il faut savoir connaître ses propres limites, on ne peut pas tout entendre. Il ne faut pas hésiter à orienter la personne vers des associations de prises en charge, en l’aidant à se mettre à l’abri.

La reconstruction de la personne victime : que diriez-vous à une personne qui pense que c’est inutile d’avoir recours à une aide psychologique ?
Tout le monde n’a pas forcément besoin d’aller voir un psychologue même si dans la majorité des cas, ça fait du bien. Il y a des personnes plus résiliantes que d’autres. Il y a aussi des thérapies différentes, il faut les adapter selon les besoins. Mais il est vrai que plus on agit tôt, plus le travail sera facilité.


Retour sur l’action de l’association

Comment mesurez-vous les effet de vos actions sur les personnes que vous avez reçu ?
Nous avons un outil d’évaluation et d’observation qui nous permet de mesurer nos actions. Le suivi n’est pas forcément long car on peut aussi déléguer vers un psychologue ou un avocat. Certaines personnes ont besoin de plus de temps, comme les personnes dans le déni.

Nous estimons avoir fait notre travail une fois que la personne est à l’abri, que les démarches juridiques ont été étudiées, quand la personne a pu porter plainte si elle le souhaitait et qu’il y a une approche thérapeutique.

Une réussite de l'association ?
Au début de l’association il n’ y avait que deux écoutantes bénévoles. Aujourd’hui l’équipe s’est agrandie. L’écoute est notre cœur de mission. Malgré le peu de subvention, nous recevons de plus en plus de personnes grâce à l’implication des bénévoles. Nous avons réussi à élargir notre public à la sphère LGBT. Sur l’année 2011- 2012, nous avons eu 95 suivis, sans compter les interventions ponctuelles.

Une autre réussite est le développement de nouvelles action avec les ateliers d’auto-défense par exemple.


Quel est le meilleur moyen pour vous contacter ? Peut-on venir directement dans votre local ?
D’abord, sachez que nous recevons toutes les personnes, sans aucune discrimination (religion, handicap, travailleuse du sexes...).

Le plus simple est de téléphoner au 06.30.89.27.33 du lundi au vendredi de 9h à 18h.
Un rendez-vous sera donné dans les jours qui suivent. Les femmes de plus de 12 ans peuvent aussi venir directement à la permanence le vendredi après midi chez Les Violettes, 19 place Vanhoenacker (métro Porte d'Arras) à Lille. 
Les hommes et les mineur-e-s de moins de 12 ans doivent prendre rendez-vous directement.

mardi 4 juin 2013

Appel à témoignages sur les retraites

Alors que se prépare une nouvelle réforme des retraites, Osez le féminisme ! s'apprête à lancer une campagne dans le but d'agir pour l'égalité entre les femmes et les hommes au moment de la retraite et de lutter contre la précarité qui touche nombre d'entre elles

Dans ce cadre, nous cherchons des témoignages : de femmes retraitées ayant de faibles pensions et de femmes en âge de partir à la retraite mais encore en activité pour ne pas subir de décote. Nous souhaitons recueillir des éléments anonymes sur le parcours professionnel et familial des intéressées et sur leur situation matérielle et morale actuelle. 

Si vous êtes volontaire, il vous suffit de nous contacter à l'adresse suivante : retraites.femmes@gmail.com.

N'hésitez pas à diffuser cet appel autour de vous et merci d'avance pour votre participation !

RENCONTRES D’ÉTÉ 2013 : LES 6 ET 7 JUILLET !

Les 3èmes rencontres d’été auront lieu les 6 et 7 juillet 2013. Les inscriptions sont ouvertes !

Quels objectifs pour cette 3ème édition ?

L’avenir est de notre côté ! Après un an de ministère des droits des femmes et dans une situation économique marquée par le chômage et les restrictions budgétaires, les rencontres féministes de juillet 2013 se fixent deux objectifs principaux :
1.       Face aux contrecoups, redoubler de mobilisations et réaffirmer les fondamentaux universalistes et féministes de la société que nous voulons (en France, en Europe et à l’international) : l’austérité économique, le regain des conservatismes et la montée des extrêmes font craindre un retour de bâton pour les femmes.
 2.       Face au bilan en demi-teinte des actions du gouvernement en matière de droits des femmes et d’égalité femmes-hommes, se mobiliser pour exiger davantage.
Si certaines avancées doivent être soulignées, nous axerons notre bilan sur les annonces restées vaines et sur l’absence d’une approche intégrée concrète de l’égalité dans l’ensemble des politiques publiques et définirons nos revendications en vue des élections municipales et européennes de 2014.

Quand et où ?

Les 3èmes rencontres d’été se dérouleront du samedi 6 juillet à 10h au dimanche 7 juillet à 14h. Elles auront lieu à l’université de Nanterre dans les Hauts-de-Seine en région parisienne, accessible par RER A depuis la gare Nanterre Université. Un hébergement en hôtel est possible.

Quel programme ?

Plénières, ateliers-débat, ateliers-formation, projections, village associatif, librairie : ces deux journées d’échanges, de débats, de formations, de détente ont vocation à tracer des perspectives féministes pour la rentrée 2013 et les mois qui suivront. Les rencontres d’été sont aussi l’occasion de se retrouver avec des centaines de féministes de toute la France et des participantes venues d’autres pays, d’échanger sur nos expériences et de tracer ensemble de futures mobilisations.
Deux temps forts du week-end marqueront nos échanges :
Samedi matin, la plénière d’ouverture : Enjeux internationaux: les droits des femmes sont universels.
Dimanche, la plénière de clôture : Un an de présidence Hollande: Où en sont les droits des femmes ?
Par ailleurs, comme l’année dernière, nous inviterons la Ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, pour échanger avec elle sur les chantiers en cours en matière d’égalité femmes-hommes. Le programme complet sera bientôt disponible sur le site des Féministes en mouvements !

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